Bonjour Erwan et encore bravo pour cette incroyable traversée. Quelle a été ta première motivation pour réaliser cet exploit ?
Merci Stephane. Au niveau motivation, je crois que j’avais envie de me challenger, de tester les limites de mon corps et de mon mental. Le tout dans des zones que je n’avais encore jamais expérimentées. J’avais aussi envie d’alerter un peu le grand public sur la puissance de la créativité et de l’innovation humaine. Montrer qu’on peut rendre possibles des choses impossibles, et pas qu’en polluant. Traverser du continent à la Corse sans voile et sans moteur, quasiment à la vitesse d’un ferry, je trouve que le symbole est fort. En particulier pour les perspectives que ça laisse entrevoir pour le transport maritime de demain.
Comment t’es tu entraîné ?
Pendant plus de huit mois, j’ai mis un plan en place pour me préparer physiquement avec pas mal de trail running. Et aussi des parcours de SUP foil très réguliers et souvent assez longs. J’ai par exemple fait deux parcours de plus de 100 km au printemps. On a beaucoup de chance autour de Toulon d’avoir toute l’année un terrain de jeu exceptionnel pour le downwind. Et plus globalement pour les sports de glisse nautique. J’ai aussi pas mal travaillé avec une nutritionniste spécialisée dans l’ultratrail, parce que je savais que c’était un enjeu important.
Enfin, j’ai consacré pas mal de temps et d’énergie sur le côté matériel et réglages. Pour ça, j’ai été beaucoup aidé par le bureau d’étude et de R&D de F-One ainsi que par l’école d’ingénieurs SEAtech à Toulon. Tout cela en relation avec le Yacht Club de Toulon, bien sûr, qui m’a supporté tout au long du projet. C’est vraiment un super club.
Ah oui, j’oubliais un point super important, on a aussi beaucoup bossé sur la sécurité, notamment pour anticiper les cas non-conformes, avec mon équipe, mais aussi avec le CROSS Med. On a aussi passé pas mal de temps sur la météo et sur la prédiction de ma route avec Éric Péron. Mais aussi Charles Caudrelier. Cela a eu un impact déterminant sur la réussite de la traversée.
Quel a été le moment le plus difficile dans cette aventure ?
Sportivement, le moment le plus compliqué ça a clairement été vers 50 km. Juste après qu’on ait été détourné par un hélicoptère de la Marine Nationale en raison de tirs de missiles sur notre route. Après cet épisode inattendu et très perturbant, j’étais frigorifié. Et j’ai mis quasi 20 minutes à redécoller. J’ai commencé à avoir des crampes dans les jambes alors qu’il me restait 200 Km à parcourir et que je n’en avais pas eu sur mes entraînements de 100 km. Je m’étais aussi rendu compte que les vagues du large n’étaient vraiment pas pareilles et que c’était plus dur que le long de la côte. C’est à ce moment-là que, mentalement, je suis rentré en mode « survie ».
Après un projet comme celui-là, c’est aussi des mois de recherche de financement en « mode start up » avec des hauts et des bas et surtout beaucoup d’incertitudes, à commencer par la date, mais aussi en termes de RH, de logistique, de météo, etc. Avant même de s’élancer sur l’eau, ce n’était pas un projet facile.
Et du coup quel a été ton meilleur moment ? L’arrivée ?
Sur le coup, oui, c’était clairement l’arrivée. C’était une délivrance après une journée à repousser mes limites. Et en plus, entouré d’une équipe de rêve avec Kristo, Rico et Julien dans le bateau. L’accueil en Corse sur l’eau au niveau du phare de la Revelata avec les bateaux du Nautique Club de Calvi qui avaient aussi embarqué Patrick de mon team a été génial ! C’était très très fort en émotions. Globalement, l’accueil en Corse a été génial au Port de Calvi, au restaurant le Nautilus chez Manureva Calvi aussi, un hébergement que je recommande à tout le monde pour aller naviguer en Corse.
Après, avec du recul, j’ai des souvenirs de moments de glisse sur l’eau qui reviennent aussi, de regards avec mon équipe, de dauphins et de tortues. Il y a eu beaucoup de moments forts. En fait, se fixer un objectif, mettre en place les moyens pour y arriver, galérer à différents niveaux, prendre des décisions, s’adapter en équipe pour finalement atteindre ton but. C’est une globalité, mais c’est aussi très beau, je crois.
Quel matériel avais-tu avec toi ?
Au niveau sécurité, une combi Sooruz, un t-shirt de protection solaire Sooruz et une casquette. J’avais aussi un gilet de sauvetage percutable Secumar Free100, une balise PLB3, deux balises de tracking live Dotvision,. Ainsi que 3 cyalumes, un couteau, un sifflet, une flashlight, une fusée parachute, une radio VHF étanche, à boire et à manger. Au niveau technique : une planche F-One 8’0 x 17’’ un foil EagleX 1000 / DW145 / mât de 80 cm/DW145.
Et bien sûr, j’étais accompagné par un semi-rigide SEAir FT80 à foils. Il nous a permis de consommer moins de carburant qu’avec un bateau « normal ». Et en plus de rendre le voyage plus confortable à l’équipage, les foils amortissant beaucoup les chocs, même sans voler.
As-tu un prochain défi en tête ?
Oui, je travaille déjà sur une prochaine traversée que je dévoilerai plus tard. J’aime beaucoup les challenges, mettre en place un plan pour les relever et repousser mes limites. Donc je ne vais pas m’arrêter là. J’ai un autre rêve, ce serait de mettre les meilleurs mondiaux en compétition sur le parcours que j’ai ouvert. Ce serait dingue et ce ne sera pas faisable sans le soutien des collectivités territoriales donc j’y travaille aussi. Ce sera un gros dossier et le budget sera important, mais c’est aussi le genre de challenge que j’aime.
Le mot de la fin ?
Un grand merci à tous mes partenaires. Et à toutes les personnes qui me suivent et me soutiennent sur les réseaux sociaux. Si j’ai pu effectuer ce défi, c’est un peu grace à chacun d’entre vous! Et merci Stephane de prendre du temps pour parler de ma traversée aussi !
Stéphane : C’est nous qui te remercions pour ce que tu fais pour nos sports ;)
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